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«Le savoir ou la mort» au cœur du miracle sud-coréen

Plusieurs groupes mondiaux sont emblématiques de la puissance économique sud-coréenne, tels que LG (71 filiales). Durant le premier trimestre 2017, sa seule filiale LG Electronics Inc a réalisé un chiffre d’affaires de 12,7 milliards de dollars (+9,7% sur un an). En 2016, le chiffre d’affaires de tout le groupe a atteint 129,8 milliards de dollars (Ph. A.Na)

Réussir l’impossible. C’est l’exploit réalisé par la Corée du Sud. En l’espace de quelques décennies, le pays, dénué de ressources naturelles, a créé son propre miracle économique et éducatif: 11e puissance économique selon le FMI, avec un PIB de 1.450 milliards de dollars, pays le plus innovant au monde, selon le World Economic Forum, un taux de chômage d’à peine 4,2% en mars 2017 (Kostat, Statistics Korea) et un taux d’analphabétisme proche de 0.

Le modèle sud-coréen est une formidable leçon pour tous les Etats en quête d’émergence.

Dans les années 60 et 70, la République de Corée et le Maroc étaient pratiquement au même niveau de développement. Le Maroc disposait même de plus d’atouts, notamment de riches réserves de phosphates et un territoire sept fois plus grand.
En 1962, le PIB par habitant marocain était de 164,8 dollars, contre 155,6 dollars pour celui sud-coréen, selon les chiffres de la Banque mondiale.

En 2015, le PIB/habitant du pays d’Asie de l’Est a été multiplié par environ 175 fois, pour atteindre 27.221,5 dollars. Au Maroc, le montant n’a progressé que de 17,5 fois, pour se situer à 2.878,2 dollars.

Le pays est également une destination shopping qui attire les férus des grandes marques de la région (Chine et Japon surtout), avec de nombreux magasins en Duty Free. L’espace Lotte à Séoul, fait partie des plus notoires. Plusieurs boulevards sont dédiés aux marques coréennes de cosmétique, très prisées, dont certaines sont fabriquées dans la célèbre région Gangnam (Ph. A.Na)

Au lendemain de son indépendance en 1948, l’ex-colonie japonaise a entrepris, à pas sûrs, sa marche vers le développement. Le pays a, certes, été appuyé par les Etats-Unis, tandis que son voisin du Nord a été soutenu par la Chine. Néanmoins, ce n’est pas là son véritable secret.
Les Coréens ne sont pas plus intelligents que les autres. Mais ils ont parié sur trois facteurs clés: l’éducation, l’économie de la connaissance et des valeurs fortes.

Le système éducatif du pays poussant les enfants au bout de leurs capacités et autorisant, jusqu’à il y a peu (fin 2010), le châtiment corporel, peut être critiquable. Mais il fonctionne! Ces dernières années, les enfants sud-coréens se placent toujours dans le trio de tête des classements internationaux de lecture et de mathématiques.

Actuellement, les écoles tentent de faire la part belle aux activités parascolaires, afin d’offrir plus de possibilités d’épanouissement aux élèves, toujours surchargés. L’économie de la connaissance. Voilà l’autre ingrédient magique qui a permis à la Corée du Sud d’intégrer le groupe fermé des superpuissances économiques et technologiques. Malgré sa petite taille et la rareté de ses ressources, le pays exporte beaucoup plus que des géants comme la Russie ou le Canada (voir illustration).

Des solutions technologiques, de la téléphonie mobile, de l’électroménager, des navires, des voitures, des logiciels… que des produits à forte valeur ajoutée. «Même avec un petit accès en mer de Chine, le pays a pu développer une culture d’algues florissante, qui a fait de lui l’un des leaders mondiaux en algues alimentaires et en biodiesel», relève le spécialiste français de l’économie de la connaissance appliquée à la gestion, consultant international, Idriss Aberkane. «Pour cet Etat, c’est le savoir ou la mort. C’est le premier à avoir mis en place un ministère de l’Economie de la connaissance», rappelle-t-il.

Des valeurs, voilà ce qui fait la grandeur des nations. La Corée du Sud tient à ses valeurs. La première que les enfants intègrent à l’école n’est autre que la discipline. C’est incroyable ce que l’on peut accomplir grâce à cette seule qualité qui manque terriblement à la région Mena.

La Russie représente plus de 171 fois la superficie de la Corée du Sud, le Canada 99,5 fois et l’Australie 76,6 fois. Pourtant, le petit Etat d’Asie de l’Est exporte plus de biens et services que tous ces géants: +38% que la Russie, +22,5% que le Canada et plus 92,3% que l’Australie

Le simple fait de respecter les rendez-vous et les délais permet d’éviter des déperditions énormes et de monter en efficacité. La valeur travail est également sacrée. Les Sud-Coréens s’investissent corps et âme dans leurs fonctions, et s’y appliquent avec rigueur et sérieux. Le respect de l’autre, de la famille et des anciens, le patriotisme et la citoyenneté sont, également, cruciaux à leurs yeux.

Le pays se veut aussi une démocratie transparente qui ne tolère pas l’incompétence, la corruption ou les trahisons. L’affaire de la présidente déchue, Park Geun-hye, en est l’exemple vivant. L’élection d’un nouveau président est prévue ce 9 mai.

Vues de l’intérieur, les menaces du régime nord-coréen sonnent comme une supercherie, une comédie destinée à amuser la galerie, et que les médias étrangers surdimensionnent. La dictature du Nord ne semble pas préoccuper la population outre mesure.
Imperturbable, la Corée du Sud continue son bonhomme de chemin. Elle fait probablement partie des pays les plus sécurisés au monde. Il suffit de se promener dans les rues de villes comme Séoul (près de 25 millions d’habitants) ou Busan pour s’en rendre compte.

Le Maroc peut-il y arriver?

Partie de rien, la Corée du Sud a pu en moins de 50 ans se hisser au rang de superpuissance économique. Le Maroc, beaucoup mieux loti en termes de territoire et de ressources naturelles, peut-il y parvenir? Comme dirait la Banque mondiale, le Royaume «n’a pas besoin de réinventer la roue!» Il lui suffit d’adapter les solutions qui ont fait leurs preuves ailleurs. Mais même cet effort d’adaptation semble lui être ardu. Car il ne dispose pas de l’essentiel, des hommes et des femmes correctement formés et à même de relever des défis.
Le système éducatif marocain fait partie des plus médiocres et des plus inégalitaires au monde. Un système qui n’inculque pas non plus de valeurs, pas plus que les familles, démissionnaires de leur rôle de transmetteur de principes, de savoir-être et de savoir-vivre. Ce manque de qualification et d’aptitudes comportementales compte pour beaucoup, aux côtés du progrès technologique et de la R&D, dans la faible productivité des Marocains (en dessous de la moyenne régionale).
Par ailleurs, le Maroc ne peut compter que sur moins de la moitié de ses forces vives. En effet, le taux d’activité n’est que de 46,4%, selon le HCP (62,8% en Corée du Sud). Ce qui signifie que moins d’une personne sur deux en âge de travailler exerce une activité professionnelle ou est à la recherche d’un emploi.
Chez les femmes cette part est de seulement 23,6%, l’une des plus faibles au monde (plus de 50% chez les Sud-Coréennes). Au niveau des jeunes, près de 2,7 millions de 15-29 ans ont décroché de tout (Neet, ni à l’école, ni en formation, ni en emploi).
Corruption, détournement de fonds, pauvreté (85% de la population, selon la Banque mondiale), analphabétisme (plus de 30%, sans compter la part non estimée d’illettrisme) et un système de santé défaillant continuent, en outre, de miner le pays.
Avant de s’attaquer à un éventuel «miracle économique», il faudra peut-être mener une révolution, celle des esprits. Cela ne sera possible qu’à travers l’éducation.
Toutefois, le sujet est-il suffisamment pris au sérieux?