BELINDA LEE ET RENATO SALVATORI
« PROFESSION. MAGLIARI » est un film excessivement dĂ©paysant. DĂ©jĂ parce qu’il traite d’un sujet très spĂ©cifique. le sort d’émgirĂ©s italiens dans l’Allemagne de l’après-guerre, utilisĂ©s comme « petites mains » dans le trafic de textile. Une sorte de mafia au sein d’une autre mafia. Ensuite parce qu’il suit des personnages « dĂ©paysĂ©s » eux-mĂŞmes, exilĂ©s, dĂ©racinĂ©s, qu’il s’agisse des italiens ou de Belinda Lee ancienne misĂ©reuse mariĂ©e Ă un richard qui la dĂ©goĂ»te.
Francesco Rosi signe un film esthĂ©tiquement magnifique – quel noir & blanc. – mais quelque peu dĂ©sĂ©quilibrĂ© par la prĂ©sence mĂŞme de son atout principal. Alberto Sordi. Alors que le ton gĂ©nĂ©ral tend plutĂ´t vers le nĂ©o-rĂ©alisme, Sordi tient un rĂ´le Ă multiples facettes. Autant il est crĂ©dible et ambigu dans la seconde partie du film, rĂ©pugnant d’incompĂ©tence et de couardise, autant il vampirise complètement la première moitiĂ© en se montrant plus « Sordi » que nature. La longue sĂ©quence complaisante oĂą il refile des tapis volĂ©s Ă une patronne de restaurant, est un numĂ©ro de pitrerie de haute-voltige, mais qui n’a rien Ă voir avec le reste du film. Ă€ un moment donnĂ©, il s’adresse mĂŞme directement Ă la camĂ©ra et finit son parcours dans un monologue comique en voiture. C’est Ă la fois irrĂ©sistible et Ă cĂ´tĂ© de la plaque.
Si Renato Salvatori est un peu limité dans un rôle de candide qui normalement, aurait dû être le héros, mais se fait bouffer tout cru par Sordi, Belinda Lee est superbe de complexité sans jamais céder au pathos facile.
Il y a donc beaucoup à aimer dans « PROFESSION. MAGLIARI », en particulier son utilisation des extérieurs et son ambiance « sur le vif », mais Rosi aurait certainement signé une œuvre plus cohérente et rigoureuse sans la présence de sa star. Le problème est qu’on l’aime tellement, « Albertone », qu’on n’arrive pas à le déplorer vraiment !
RENATO SALVATORI, ALBERTO SORDI ET BELINDA LEE
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« Belinda Lee est superbe de complexité sans jamais céder au pathos facile. »
Superbe en effet. Et vraiment, qui l’aurait cru, vu les rĂ´les de ‘vamps’ ou de statues qu’elle avait eus jusque-lĂ ? Autant Sordi est une erreur de casting – ou alors on garde Albertone, mais on montre la porte Ă Rosi. -, autant ça s’est avĂ©rĂ© un risque payant d’aller la chercher entre deux peplums. Je prĂ©sume que c’est cette prestation qui lui a ouvert la porte vers plus grand rĂ´le, ‘La Longue nuit de 43’. en 1960 (un grand film inconnu, celui-lĂ ). Belinda Lee est morte l’annĂ©e suivante, au volant de son bolide lancĂ© sur une route de Californie.
Je ne connaissais pas du tout cette actrice qui est vraiment exceptionnelle dans ce film.
Concernant Sordi, j’aimerais bien savoir s’il a Ă©tĂ© imposĂ© Ă Rosi dans « I MAGLIARI », parce qu’on a vraiment l’impression qu’il fait un autre film et l’humour n’a quand mĂŞme jamais Ă©tĂ© le fort de ce rĂ©alisateur Ă ma connaissance…